L'empereur Hung Vuong 1° est considéré comme étant le créateur du Vo-that par
de nombreuses écoles qui lui rendent hommage, à ce titre, chaque année. A cette
époque, l'étude du Vo était surtout basée sur l'apprentissage des techniques
d'armes (Vo-khi ou Binh-khi), comme la hache (Can phap), le poignard (Dao gam),
l'arc (Cung ou Cai giang) ou encore l'arbalète (No ou Cai no). De nombreuses
légendes, relatives à cette période, racontent les exploits de personnages rendu
célèbres grâce à leurs armes devenues magiques (tel An Duong Vuong et son arbalète
magique qui pouvait tuer 1000 adversaires à la fois). Devant l'imminence de
l'invasion chinoise,la formation militaire du peuple vietnamien et la construction
d'ouvrages fortifiés ne firent que s'accélérer (la construction de la citadelle
de Co-Loa en est un exemple). Mais au-delà des seules techniques de combat, on
assista aussi à l'émergence des premières théories définissant l'utilisation
stratégique et tactique de l'art guerrier (Vo-that), tant pour l'armée - combats
de groupes - que pour la pratique individuelle.
Ces théories donnèrent d'ailleur naissance à de nouvelle techniques plus
riches encore, dont certaines constituent encore la racine des formes travaillées
aujourd'hui. Certains novateurs comme Trieu Quang Phuc, Ly Nam De, Trung Vuong,
utilisèrent contre les chinois, des techniques basées sur le "Di doan thang truong"
(supériotrité des techniques rapprochées), le "Phan tan biên phap"
(méthodes des esquives sans résistance) ou encore le "Di nhu thang cuong"
(utilisation de la souplesse contre la force), lors d'une longue lutte où les
vietnamiens développèrent la pratique de la guérilla (du Kich chiên) face à la
puissance militaire des envahisseurs. Cependant, la présence chinoise au Nam Viet
devait durer près de 1000 ans (111 av. J.C. à 938 ap. J.C.) ; dix siècles pendant
lesquels la culture, l'organisation (administration, langue,...) et la philosophie
(Taoisme, Confucianisme, Boudhisme) chinoises aller marquer durablement le peuple
vietnamien, sans pour celà réussir à lui oter son originalité.Organisé
"à la chinoise", le viet-nam conserve farouchement et sauvegarde sa propre
culture ancestrale, ainsi que ses traditions martiales qui se perpétuent dans
le secret.
Aussi, de puissants soulèvements purent-ils avoir lieu (soeurs Trung, Ly Bon,
Bo Cai Dai Vuong), montrant que le peuple vietnamien prenait
peu à peu conscience de sa nationalité et de sa volonté d'indépendance.
A cette époque, le Viet Nam était un véritable carrefour
économique et un creuset culturel ; étape réputée entre
l'Inde et la Chine. Il profitait de l'influence conjuguée de ces deux pays, sans
oublier celles de la Malaisie et des iles Indonésiennes
(influences qui marquèrent profodément la vie culturelle
mais aussi le domaine des
arts martiaux). Très tôt (II° siècle ap. J.C.), le Boudhisme
indien fut introduit au Giaoi-Chi (autre nom de l'ancien Viet Nam), peu à peu
remplacé (vers la fin du VI° siècle) par le Boudhisme Thien
(Chan) d'obédiance chinoise, ce qui ne sera pas sans conséquence sur la
pratique martiale. En 938, Ngo Quyen chasse l'envahisseur chinois
et fonde un état indépendant. Le pays s'organise et deviend, sous la
dynastie des Ly, le Daï Viet. Le Vo sort enfin de l'ombre ; il va
participer à l'éducation générale du peuple vietnamien auquel ses dirigeants
veulent insufler un sentiment d'unité nationale. Ses techniques ont
atteint un haut niveau et sa pratique repose sur un esprit
chavaleresque empreint des principes des trois philosophies
(Tam Giao : Confucianisme,
Taoisme et Boudhisme) et faisant apparaitre les termes "Dao"
(Voie, au sens spirituel).